Quelques brèves, Le Monde.fr
• 8 juin 2010.
Deuxième nuit d'émeutes à Rinkeby, banlieue défavorisée et à forte proportion immigrée du nord-ouest de Stockholm, une centaine de jeunes attaquent un commissariat.
• 10 juin 2010.
Les violences de Rinkeby inquiètent les politiciens suédois à quelques mois des élections. L'ampleur des émeutes peut sembler relative, mais à l'échelle suédoise elle est grave car elle intervient en période électorale. Pour la première fois depuis vingt ans, un parti d'extrême-droite (Les démocrates suédois) pourrait faire son entrée au Parlement lors des élections législatives de septembre prochain. Ce parti mise une grande partie de sa campagne sur la lutte contre la criminalité et l'immigration.
« Rinkeby est l'une des banlieues suédoises les plus débattues de Suède, à l'égal de Rosengård, un quartier de Malmö, principale ville du sud du pays, où 60 % des habitants sont d'origine étrangère. Rosengård avait été le théâtre d'émeutes à répétition il y a deux ans et les autorités suédoises craignent aujourd'hui que les deux soirées d'incidents à Rinkeby ne soient que les prémisses d'une nouvelle vague de violence qui pourrait s'étendre à d'autres villes.» (du correspondant Olivier Truc, Le Monde.fr)
• 19 septembre 2010.
L'extrême droite suédoise fête sa percée historique lors des élections législatives qui la voit entrer au Parlement pour la première fois, avec 5,7% des voix.
L'intégration en Suède
Les récents affrontements entre des jeunes immigrés et la police dans les quartiers populaires de Malmö témoignent de la difficulté à intégrer une population qui semble refuser le modèle scandinave et s'enferme dans ce qui est déjà qualifié de « ghetto de la nouvelle Suède multiethnique ».
La Suède, qui n’est pas une ancienne puissance coloniale, par différence avec des pays comme la France ou le Royaume-Uni, a connu une immigration relativement tardive, qui date pour l’essentiel de la Deuxième Guerre Mondiale.
La première vague est constituée durant la guerre de Finlandais, qui fuient l’invasion soviétique. Ces immigrés viennent d’un pays voisin, et sont assez proches des suédois du point de vue culturel, même s’il existe des décalages sociaux entre immigrés finlandais et suédois. Dans les années 1950- 1960, l’origine et la nature de l’immigration se transforment radicalement. Connaissant une croissance économique importante, la Suède doit faire appel à une main d’oeuvre étrangère, qui vient d’Europe (Allemagne, Italie, Grèce), d’Europe de l’Est (Yougoslavie) et du Moyen Orient (Turquie). Les immigrés sont alors accueillis à bras ouverts, et l’intégration de ces contributeurs à la prospérité suédoise, qui se pratique sur le mode de l’assimilation stricte, ne soulève aucun débat politique en Suède, d’autant que leur présence sur le territoire est pensée, par eux-mêmes comme par les suédois, comme temporaire.
Au cours des années 1970, la production économique se ralentit, en même temps que les formes d’immigration se transforment. L’immigration économique fait place à une immigration de regroupement familial mais aussi à une immigration politique, car la génération d’hommes politiques qui arrive au pouvoir à la fin des années 1960 entend promouvoir la démocratie, le respect des droits de l’Homme, la paix mondiale et la coopération internationale, et veut faire de la Suède un modèle de terre d’accueil pour les réfugiés politique du monde entier : Amérique Latine (Chili), Europe de l’Est (Tchécoslovaquie, Yougoslavie), Moyen Orient (Irak, Iran), Afrique (Éthiopie) et Asie (Vietnam). La conception de l’accueil et de l’intégration à la Nation suédoise des populations immigrées évolue également : en 1975, la politique d’assimilation est remplacée par une nouvelle approche qui se veut plus respectueuse de l’identité étrangère de l’immigré, favorisant la préservation de la langue et de la culture de l’immigrant. Se met en place peu à peu le modèle d’une Suède multiculturelle, censée être plus apte à faire cohabiter ensemble des groupes d’individus de plus en plus hétérogènes tant du point de vue social que culturel et culturel – l’Islam est aujourd’hui devenu la deuxième religion du pays.
Les conséquences de ce changement dans les politiques migratoires et dans la gestion des populations immigrées se manifestent dans les années 1980, avec l’arrivée de 400 000 nouveaux immigrants. Le nombre de centres de réfugiés augmente et le traitement des demandes de droit d’asile devient plus long. L’afflux migratoire vers les pays scandinaves et vers la Suède en particulier s’intensifie encore dans les années 1990, du fait de l’importance des facteurs d’exil – persécutions politiques, sociales ou religieuses, famine et/ou ravages de la guerre. La guerre en ex-Yougoslavie induit notamment une très importante immigration vers la Suède. A la fin des années 1990, la question de l’immigration devient un débat politique sensible et un certain changement de ton se fait sentir. Un discours populiste et intolérant, jusque là inaudible, devient alors légitime pour une partie de la population suédoise, et les choix de politique migratoire des sociaux-démocrates ainsi que le modèle multiculturel qu’ils prônent sont remis en question par une partie importante de l’opinion publique, qui réclame une diminution du nombre de demandeurs d’asile, mais aussi une intégration plus rapide et plus marquée des étrangers. Deux mots font leur apparition dans le vocabulaire des hommes politiques : « diversité », préférée à « multiculturalisme », et « néo-suédois », au lieu d’« immigré »
Bibliographie.
- BERGMANN Svava, Immigration et politiques migratoires en Europe, mémoire de recherche réalisé à l'Université de Montréal, juillet 2009.
- BERGMANN Svava, Immigration et politiques migratoires en Europe, mémoire de recherche réalisé à l'Université de Montréal, juillet 2009.
- HADDAD Kévin, L'intégration des musulmans en Suède, Un défi singulier pour une société multiculturelle ?, L'Harmattan, Compétences interculturelles, 2008, 134 p.
Articles disponibles sur :
http://www.presseurop.eu/fr/ (consultés le 25 octobre 2010)
Ingrid.
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